Une fausse bonne idée pour effacer les inégalités
L’uniforme est présenté comme une solution contre les inégalités économiques par la droite. Cet argument fait bondir Rodrigo Arenas, député insoumis de la 10 ème circonscription parisienne et ancien président de la FCPE. Originaire du Chili, où l’uniforme est obligatoire, il assure que « l’uniforme ne règle absolument pas la question des inégalités ». Pour Sabine Lalande, conseillère régionale de Loire Atlantique pour L’Ecologie Ensemble, la décision d’expérimenter l’uniforme est une « fausse bonne idée puisque l’uniforme ne parvient pas à effacer les classes sociales ». Sur les 333 lycées publics du Pays de la Loire, seul un établissement professionnel maritime s’est porté volontaire. Et l’élue, membre de la commission « lycée et emploi » au conseil régional, n’est décidément pas convaincue : « les résultats restent mitigés ». Dans les autres établissements, les parents d’élèves se sont opposés massivement à la mesure. Si le lycée Cassar s’est proposé, c’est surtout pour permettre à ses 360 élèves de bénéficier d’une prise en charge totale de leurs tenues marines… car en réalité, comme l’établissement est un lycée professionnel maritime, on y portait déjà l’uniforme ! A l’autre bout de la France, l’expérimentation ne convainc pas plus. Ainsi, à Nice, ville fortement ancrée à droite, la gauche ne désarme pas. Juliette Chesnel-Le Roux, cheffe de file des Verts, explique au Figaro le 4 Septembre 2024 l’opposition de son groupe par l’absence « d’efficacité en matière d’effacement des inégalités sociales et de restauration de l’autorité de l’uniforme ».
Face à la dégradation de l’école, une priorité dont on pourrait se passer
Si les élus de gauche fustigent l’expérimentation de l’uniforme, c’est surtout à cause des budgets publics octroyés à la prise en charge des trousseaux par les collectivités. Pour eux, il s’agit de gaspillage. La priorité devrait être ailleurs. Sabine Lalande, estime que les 50 000 euros accordés par l’Etat à sa région seraient plus utiles pour « mettre en conformité les internats, financer la rénovation thermique des établissements ou soutenir les sorties culturelles ». Elle déplore que « certains lycées doivent encore faire appel à des cagnottes participatives pour financer des sorties culturelles. »
Une préoccupation également présente à Nice, où les élus écologistes dénoncent la dégradation des bâtiments scolaires, au Figaro le 4 Septembre 2024 : « Faire des travaux dans les écoles » serait « bien plus utiles que des t-shirts siglés du logo de la ville. » De la poudre aux yeux : « c’est une manière d’évacuer les autres problèmes que rencontre l’école » pour Rodrigo Arenas.S’il y a bien une chose dont il sûr, c’est que « la priorité n’est pas à l’uniforme ».
Si la gauche est contre, alors Samia Ghali est pour
Alors que la gauche s’accorde à se prononcer contre la généralisation du port de l’uniforme, Samia Ghali, aujourd’hui maire adjointe de Marseille, fait figure d’exception. Dès 2017, alors sénatrice des Bouches-du-Rhône, elle demande au ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse « d’engager une réflexion autour de l’uniforme scolaire et, plus largement, sur la question de la tenue vestimentaire à l’école ». Elle défend cette mesure en vantant les mérites selon elle de l’uniforme : « il permet de rétablir l’égalité entre les élèves en empêchant d’arborer des marques, et développe le sentiment de fierté d’appartenir à la République ».
Désormais maire des 15e et 16e arrondissements de Marseille, celle qui persiste à défendre cette idée depuis plus de 10 ans, a pu se réjouir de l’adoption du port de l’uniforme dans les collèges publics, voté par le conseil départemental des Bouches-du-Rhône en 2023. Elle justifie son vote favorable auprès de la Marseillaise par l’idée que « le collège devrait être un lieu neutre, où l’on doit être concentré sur l’apprentissage, le savoir, la socialisation, l’éducation ».
Cependant, lors d’une intervention sur BFMTV en date du 4 Septembre 2023, elle reconnaît à demi-mot les limites du dispositif : « l’uniforme ne permet pas d’effacer les inégalités entre les élèves ; il n’apporte peut-être pas de bien, mais il est certain qu’il ne fait pas de mal ».