Selon les chercheurs britanniques, l’uniforme se révèle être un frein à la liberté de mouvement exigée par l’exercice physique, en particulier pour les filles, qui, même sans tenue imposée, sont moins enthousiastes que les garçons à l’idée de faire du sport. L’OMS déplore que 33 % des filles de 6 à 17 ans seulement atteignent les recommandations d’activité physique quotidienne, contre 51 % des garçons. Or, l’uniforme semble être un facteur aggravant d’inégalité entre filles et garçons. Des analyses ultérieures ont montré que dans les pays appliquant des pratiques uniformes, les filles dont nettement moins de sport qu’ailleurs ! Une étude de 2021 a mis en avant que l’uniforme dissuade les adolescentes britanniques de participer à certaines activités, le port de la jupe les détournant, par exemple, de la pratique de la roue, craignant qu’en cas de mouvements trop vifs l’on ne puisse apercevoir leurs sous-vêtements. Le phénomène est particulièrement notable dans les pays à revenus plus importants, où la jupe est culturellement préférée au pantalon.
Si porter un uniforme rend moins apte à courir et sauter, ne pas en porter ne fait pas du footballeur amateur un Zidane en puissance. Comme partout, il faut de la mesure en toute chose et… porter une tenue adaptée. Prenons un exemple provençal : la pétanque. Michel le Bot, président de la FFPJP, rappelait le 27 février dernier dans les pages de La Provence qu’il n’y a « rien de choquant à demander une tenue sportive pour pratiquer un sport ». La Fédération française de pétanque et de jeu provençal a précisé la réglementation sur l’habillement des joueurs, qu’elle codifie depuis 2018 « La tenue doit être composée d’un bas (short ou survêtement sportif) et d’un haut (sweat, tee-shirt, maillot, polo avec ou sans col, avec manches courtes ou longues, coupe-vent, blouson ou veste de sport), le pantalon de ville ou de loisir et le jean sont interdits dans les compétitions réglementées ». Dès lors, on comprend que le sport se pratique dans une tenue adéquate et que cloisonner les enfants dans une tenue non sportive, puisque l’uniforme ne la mentionne pas, est de nature à freiner cette pratique du sport.
L’expérimentation lancée par Gabriel Attal en septembre 2024 avait la louable intention de lutter contre les discriminations. Par le port de l’uniforme dès le plus jeune âge, on réduit la possibilité pour les jeunes filles de s’inscrire dans une pratique sportive recommandée à l’échelle planétaire et cet apprentissage bridé les freinera toute leur vie. Si par leurs vêtements elles se sentaient contraintes hier, elles ne se tourneront pas vers le sport demain. C’est le propre de la socialisation primaire, moment où l’enfant apprend les règles de base du vivre ensemble, le langage, les comportements attendus. Or, un cercle vicieux se créée, si jeunes, elles n’osent pas, elles ne développeront pas leurs compétences et manqueront de confiance en elles. Ce qui les poussera davantage à éviter les situations qui demandent d’oser. Catherine Louveau, sociologue du sport spécialisée dans les inégalités de genre argumente à ce sujet que la pratique en bas âge.
Vouloir faire reposer l’égalité des chances, la lutte contre la discrimination et le harcèlement uniquement sur un bout de tissu relève d’un calcul réducteur, mais entacher la potentialité de cette force libératrice que peut être le sport procède d’une hérésie