La chronologie de la controverse

En 1802, voulant briser le quasi-monopole des congrégations catholiques sur l’école, Napoléon crée le lycée impérial, public, laïc. Il veut avec ces établissements, davantage qu’éduquer le peuple, former l’élite de la nation. Les filles n’y sont pas admises. Le rythme y est militaire, l’enseignement classique, l’uniforme noir obligatoire pour les internes, qui forment la majorité des élèves.

Mai 68 marque une disparition des uniformes et blouses scolaires en France. Dans un climat contestataire et anti autoritaire, les codes vestimentaires imposés sont rejetés. Cela accompagne d’autres changements : mixité, redéfinition des relations professeurs-élèves et assouplissement des règles disciplinaires. Quelques écoles privées conservent l’uniforme.

L'affaire des foulards de Creil, en 1989, concerne l'exclusion de trois collégiennes qui refusent d'enlever leur voile en classe. Cette première confrontation entre laïcité scolaire et port de signes religieux déclenche une controverse nationale qui alimentera régulièrement les débats sur l'uniforme comme solution pour assurer la neutralité vestimentaire à l'école.

En 2003 en pleine période de débat sur la mixité sociale à l'école et la laïcité, le ministre délégué à l'Enseignement scolaire, Xavier Darcos remet la question de l'uniforme sur la table. Celui-ci serait un moyen de lutter contre les inégalités sociales et un ensemble de problématiques liées à une crise de l'autorité et du modèle républicain à l'école.

En janvier, des députés de droite proposent une loi visant à mettre en place le port de l’uniforme à l’école et à afficher les symboles républicains dans les classes. Le texte, mentionnant les attentats de 2015, évoque la laïcité et l’unité nationale. Le texte est rejeté par la majorité de gauche à l’Assemblée.

François Fillon (Les Républicains), candidat à l’élection présidentielle de 2017 a annoncé sa volonté d’instaurer une « tenue vestimentaire spécifique à l’établissement » en primaire et au collège. Son programme, au chapitre éducation, stipule qu’il faut « réaffirmer le sens de l'effort et le respect de l'autorité », grâce à l’uniforme scolaire. Une idée qu’il avait déjà approuvée en 2011. 

Invité sur le plateau du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, Blanquer a participé à une discussion centrée sur la laïcité. Le ministre de l’Education nationale s’est déclaré favorable au port de la tenue unique, soulignant une application déjà en vigueur en Outre-mer. S'il reconnaît avoir soutenu le déploiement de l'uniforme lorsqu'il était recteur, il s'oppose néanmoins à une généralisation forcée.

Le 19 octobre 2018, Sophie Joissains a proposé une loi au Sénat visant à instaurer le port d'uniformes scolaires et de blouses à l'école et au collège. Cette initiative visait à renforcer le sentiment d'appartenance et à réduire les différences sociales entre élèves. Cette proposition est devenue caduque et n'a pas été adoptée.

Inscrit dans le programme du Rassemblement National et largement défendu par ses élus, l'instauration « d'une tenue uniforme aux couleurs de l'établissement » a été rejetée par l'hémicycle. Roger Chudeau, député du Loir-et-Cher et à l'origine de la proposition de loi, avait invoqué la lutte contre « le harcèlement scolaire » et « le communautarisme islamique » pour défendre cette mesure.

Rentrée médiatique pour le Président de la République alors que le port de l'abaya et celui de l’uniforme à l’école catalysent. Le chef de l’Etat se dit favorable à l’expérimentation d’une « tenue unique », jugée plus souple d’un point de vue disciplinaire. Cette application règlerait les débats autour de la laïcité et assurerait un retour à la décence face à une prétendue excentricité vestimentaire.

Sur le plateau de France Info, Gabriel Attal, le nouveau ministre de l'Éducation Nationale, annonce une « expérimentation de grande ampleur » concernant l'uniforme scolaire. Il espère obtenir des données scientifiques quant à l'efficacité de cette mesure.

Le président de la République a annoncé que l'uniforme serait expérimenté dès la rentrée scolaire dans une centaine d'établissements volontaires, puis généralisé en 2026 si les résultats s'avèrent satisfaisants. Pour Macron, « la tenue unique efface les inégalités entre familles et crée les conditions du respect ».

Le président de la République a dévoilé la liste des établissements qui vont expérimenter l’uniforme scolaire pendant un an. Nombreux sont ces écoles, collèges et lycées, répartis sur tout le territoire, à avoir été volontaires. Pour le ministère de l'Éducation nationale, le but de cette expérimentation est d’examiner si cet uniforme pour les élèves peut apaiser le climat scolaire. 

Le 28 février 2024, Renaud Muselier, président de la région PACA, a annoncé l'arrêt du financement de l’uniforme scolaire. L’État s’étant retiré du cofinancement à 50 %, l’expérimentation lancée en septembre dans deux lycées est suspendue. En cause : l’incertitude budgétaire et la volonté de ne pas alourdir les dépenses des familles.