Aux Etats-Unis, le libéralisme économique s’applique à tous les domaines, y compris à la santé. Près de 500 cliniques et laboratoires spécialisés dans l’aide à la procréation se partagent un marché national estimé à 3,6 milliards de dollars (3,1 milliards d’euros) en 2017, et qui devrait représenter 4,5 milliards de dollars (3,9 milliards d’euros) en 2022 ; soit 4,6% de croissance annuelle. Grâce à leurs techniques, 72 913 bébés sont nés en 2015, d’après les derniers chiffres du Center for Disease Control (CDC), soit 2% du nombre total des naissances du pays. Parmi ces laboratoires, le plus notable est certainement le Fertility Institute, fondé en 1986 à Los Angeles par le médiatique Docteur Jeffrey Steinberg.

Celui-ci propose tous les services d’aide à la procréation en un même lieu. Une FIV y est facturée 5 800 dollars (5 000 euros), avec dépistage de plus de 400 maladies héréditaires ; la GPA coûte 92 000 dollars (80 200 euros) pour un « package » complet (rémunération de la mère-porteuse, frais d’avocat, assurances, suivi médical…). Ailleurs dans le pays, « une FIV toute simple coûte en moyenne 12 à 15 000 dollars » nous explique Hank Greely, professeur à Stanford (soit 10 400 à 13 000 euros) ; la GPA dépasse généralement les 100 000 dollars (87 000 euros). Pourtant, seulement 41 bébés sont nés en 2015 grâce à lui, d’après le CDC. C’est 3,5 fois moins que la moyenne nationale, en raison d’un taux naturellement bas de réussite des FIV et d’une politique de sélection rigoureuse des embryons.

En réalité, ce qui fait la renommée mondiale du laboratoire, autant que sa controverse, c’est avant tout son expertise unique en matière de sélection génétique. Grâce aux nouvelles techniques de diagnostic préimplantatoire, il propose depuis de nombreuses années le choix du sexe du futur enfant. Cela représenterait même 89% de son activité en 2015, selon le CDC, avec 99.9% des bébés qui naissent avec le sexe désiré. Les patients venus de 145 pays sont prêts à débourser 15 880 dollars (13 800 euros) pour ce service. Depuis peu, il propose même la possibilité de choisir la couleur des yeux, ouvrant ainsi la porte au marché du bébé à la carte. Le Docteur Steinberg est régulièrement attaqué dans la presse pour ces pratiques eugénistes et peu éthiques, mais il se défend en affirmant qu’il existe un véritable marché et une demande croissante pour le choix des caractéristiques de l’enfant. Libéral jusqu’au bout.

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Guillaume Allier