Les repères de la controverse

L'arbre des débats

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La carte des acteurs

Frédérique Vidal : ministre de l'enseignement supérieur

Ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, elle défend la plateforme. Il s'agit, selon elle, d'un outil à disposition des établissements qui a permis de remettre de l'humain dans la sélection.

Jean-Michel Blanquer : ministre de l'éducation

Ministre de l'Education nationale, de la Jeunesse et des Sports. Pour lui, la plateforme assure la liberté des lycéens, elle est plus sociale que le système précédent, plus humain et plus rationnel.

Conseil Constitutionnel

Il valide la constitutionnalité du dispositif et dénonce le manque de transparence. A la demande de l'Unef (Union nationale des étudiants de France) pour une publicisation des critères de sélections des candidats, le Conseil Constitutionnel a tranché en faveur de la publication des algorithmes locaux.

Comité éthique et scientifique de Parcoursup

Crée en 2018, le Comité éthique et scientifique de Parcoursup veille au bon fonctionnement de la plateforme. Si le rapport du CESP dresse un bilan général du dispositif Parcoursup, il fait aussi l'objet de préconisations régulières pour améliorer la plateforme vis-à-vis de sa transparence et de son équité.

Hugo Gimbert et Claire Mathieu

Ils ont élaboré l'algorithme qui permet de répondre au principe de classement des voeux des candidats en utilisant le problème des mariages stables de Gale et Shapley. Pour eux, Parcoursup est la meilleure option pour les élèves.

L'association Droits des lycéens

Souhaitant défendre et promouvoir les droits des lycéens, cette association demande, en 2016, à ce que soit rendu public le code source d'APB. En 2018, c'est à propos de la transparence de Parcoursup que l'association demande des éclaircissements, notamment pour ce qui est des algorithmes locaux.

Union Nationale Lycéenne

Pour le MNL (Mouvement National Lycéen, anciennement l'UNL-SD), la plateforme renforce l'injustice de la sélection.

Fédération des conseils des parents d'élèves

Cette association estime que Parcoursup est anxiogène en raison du nombre élevé d'élèves qui ne reçoivent pas d'affectation à cette date, alors qu'ils préparent l'examen du baccalauréat, et qu'il favorise la méritocratie.

FIDL

Le syndicat dénonce une mise en concurrence des élèves entre eux, mais aussi entre les établissements publics et privées. Selon lui, la réforme met fin au droit d'échec de l'élève.

Défenseur des droits

En juillet 2018, le Défenseur des droits est saisi sur les algorithmes locaux et le caractère discriminatoire de la sélection. Il demande au gouvernement à ce que les critères de traitement et d'évaluation des dossiers par les commissions locales soient rendus publiques et s'oppose à l'utilisation du lycée d'origine comme critère de classement.

Cour des comptes

En février 2020, la Cour des comptes considère que les critères de classement des candidats sont "peu transparents" et "parfois contestables", qu'il faut "rendre public les algorithmes locaux utilisés par les commissions d'examen". Elle recommande d'anonymiser les lycées pour ne pas obtenir un "système universitaires à deux vitesses".

Conseil d'Etat

En février 2018, le Conseil d'Etat rejette les demandes de suspension de la plateforme Parcoursup déposées par les sénateurs communistes et des syndicats étudiants et lycéens qui dénonçaient la sélection des candidats. Pour le CE, une telle suspension compromettrait le bon déroulement de la rentrée 2018/2019.

FSU, Sud-éducation, CGT et FO

Le syndicat SUD éducation dénonce une selection par manque de place. Tandis que le syndicat CGT Éduc'action dénonce des élèves angoissés, des professeurs démunis et une sélection élitiste qui favorise la reproduction des inégalités sociales. Pour les syndicats, Parcoursup vient accentuer le tri social.

Organismes d'orientation ?

Face à l'affolement des familles autour des techniques de sélection opaques de Parcoursup, des organismes privés comme Quiétude, PremierCap ou Eurêka Study, ont développé un marché de l’accompagnement des élèves dans leurs démarches. Des associations et lycées, comme l’UNEF et “Sos Inscription” ou la FAGE avec "Sos ParcourSup" proposent cet accompagnement bénévolement.

Gilles Roussel :  Président de la Conférence des présidents d’université

Président de la CPU (Conférence des présidents d'université) affiche son "soutien" à ses collègues confrontés à la montée de la contestation dans leur établissement. Pour lui, la réforme n'est pas une réforme de sélection mais une de l’orientation et de la réussite pour tous les étudiants.

Bernard Koehret

Créateur d'APB, Bernard Koehret est favorable à la sélection à l'entrée de l'université. Selon lui, l'obligation pour les universités de classer les candidatures évite le tirage au sort. Cependant, la réduction du nombre de vœux et la fin de leur hiérarchisation sont des "erreurs monumentales" qui font disparaitre l'algorithme d'affectation, donc rendent la procédure chronophage.

Psychologues de l'Education Nationale

Nouveau nom des conseillers d'orientation qui sont chargés de la formation Parcoursup pour les élèves. Ils s'opposent à la réforme de l'orientation. Pour eux, le transfert des services d’orientation aux régions pourrait entrainer la fermeture de CIO (centre d'information et d'orientation).

La chronologie de la controverse

1200 : Premier Baccalauréat en France, au Moyen-Age

Le premier baccalauréat s’est déroulé à l'Université de Paris fondée en 1200 et se divisait en quatre filières : arts, médecine, droit et théologie. Ancêtre du doctorat actuel, il était réservé aux garçons lettrés et permettait l'accès au statut d'enseignant.  Provenant du latin « bacca laurea », le terme de baccalauréat renvoyait à la « couronne de lauriers que l'on remet traditionnellement pour célébrer un triomphe ».

1794 : Naissance du dualisme du système universitaire français entre grandes écoles et universités

 Le XVIIIème siècle a marqué le début du dualisme du système universitaire français. Les premières grandes écoles comme Polytechnique ou l’ENS ont été créées pour satisfaire les besoins économiques du pays. Les grandes écoles enseignaient un métier à la différence des universités qui dispensaient un enseignement désintéressé et qui formaient uniquement aux professions dites intellectuelles.

1806 : Réforme napoléonienne : création du système scolaire moderne

 Cette réforme de l'université impériale créait le système scolaire moderne (collège, lycée, université) à l'échelle nationale, avec pour but une éducation publique appartenant à l'Etat. L'université d'Etat jouissait du monopole de l'enseignement et le Baccalauréat devenait l'examen marquant la sélection pour l'université (31 lauréats pour la première édition).

1986 : Loi Devaquet : projet fortement critiqué de sélection à l'université

 Suite à la hausse des effectifs due à l'accroissement de l'éducation féminine et aux mobilisations de mai 68, la loi Devaquet souhaitait sélectionner les étudiants à l'entrée de l'université, notamment dans les filières « en tension » en manque de places face à la demande. Fortement critiquée, elle a donné naissance à des manifestations conséquentes du corps enseignant et des élèves, forçant l'abandon du projet de loi.

1987 : 3614 RAVEL : début de l'informatisation de la sélection sur Minitel

Entre 1987 et 2008, c’est par le biais du Minitel que les candidats enregistraient leurs vœux en Ile-de-France. Cet outil marque le début de la numérisation et de la dématérialisation de la sélection. RAVEL (Recensement Automatisé des Voeux des Élèves) était une plateforme sur Minitel.

2002 : En Île-de-France, début de la sélection par algorithme dans certaines filières

Sur demande ministérielle d'améliorer l'admission des élèves, un algorithme a été mis en place pour les écoles d'ingénieur puis pour les classes préparatoires. Cette procédure affectait les élèves en fonction du résultat à un concours, sur le modèle grandes écoles. L'algorithme a été introduit dans la sélection pour éviter la subjectivité, l'Île-de-France était alors un laboratoire d'expérimentation.

2009 : La sélection algorithmique d'Admission Post-Bac (APB) généralisée au niveau national

En 2009, le portail APB s'imposait à toutes les académies. Cependant, le modèle de sélection algorithmique opaque et l'utilisation du tirage au sort pour répartir les élèves dans les filières « en tension » étaient vivement critiqués. Les futurs étudiants étaient soutenus par des syndicats lycéens qui n'hésitaient pas à se mobiliser et à réclamer des éclaircissements sur le fonctionnement de l'algorithme.

7/3/2016 : Demande d'ouverture du code source d'APB par l'association « Droits des lycéens »

Face à l'opacité d'APB, l'association Droits des Lycéens demandait davantage de transparence sur les modalités de sélection. Le tirage au sort et la sélection sur critères démographiques (genre, nationalité, établissement d'origine...) dans certaines filières faisaient polémique, et en 2017, la CNIL demande au Ministère de l'Enseignement Supérieur de cesser les décisions basées sur ce seul algorithme.

7/10/2016 : Loi pour une République numérique : principe de transparence algorithmique

Suite à cette loi, les administrations ont eu l'obligation de révéler les critères de sélection et le fonctionnement de leur algorithme. Cette loi visait à ce que les citoyens soient informés sur le fonctionnement de leurs institutions. Elle visait, de plus, à limiter les critères de sélections ethniques et démographiques (lieu d'habitat etc...).

15/1/2018 : Loi ORE : création de Parcoursup, sélection par algorithme à l'entrée de l'université

La loi relative à l'orientation et à la réussite des étudiants (ORE) a instauré la sélection via la plateforme Parcoursup qui rompt avec la logique de tirage au sort. La procédure de tri des candidats pour les filières « en tension » est désormais effectuée par les commissions d’examen des vœux et par le chef d'établissement. La plateforme a fait la balance entre vœux de l’étudiant, préconisations des enseignants et décisions de l’établissement.

15/1/2018 : Loi ORE : création de Parcoursup, sélection par algorithme à l'entrée de l'université

La loi relative à l'orientation et à la réussite des étudiants (ORE) a instauré la sélection via la plateforme Parcoursup qui rompt avec la logique de tirage au sort. La procédure de tri des candidats pour les filières « en tension » est désormais effectuée par les commissions d’examen des vœux et par le chef d'établissement. La plateforme a fait la balance entre vœux de l’étudiant, préconisations des enseignants et décisions de l’établissement.

16/7/2018 : Décret sur la réforme du bac : évaluation en continu et suppression des séries générales

Ce décret a modifié l'enseignement au lycée ainsi que le Bac, avec la prise en compte du contrôle continu. Selon de nombreux élèves et professeurs, l'instauration des cours à la carte, l'autonomie donnée aux élèves et la compétition entre les lycées concouraient à la perte d'équité dans le principe d'accès à l'enseignement supérieur. Plusieurs vagues d'opposition et de manifestations se sont succédé.

3/3/2020 : Mobilisations des professeurs et des élèves contre les Épreuves communes de contrôle continu (E3C)

Les lycéens, professeurs et syndicats (MNL, FIDL...) se sont mobilisés sur l'ensemble du territoire français contre les E3C pour dénoncer une organisation douteuse et des inégalités régionales entre les établissements. Les manifestants ont dénoncé l'insuffisance des cours et l'impréparation à ces épreuves, occupant les lycées et refusant de tenir les épreuves, amenant parfois leur annulation.

23/03/2020 : Emmanuel Macron déclare que Parcoursup est une "usine à stress"

Invité du 19.45 sur M6 le mercredi 23 mars, Emmanuel Macron président-candidat a reconnu sur M6 que Parcoursup était "une usine à stress". Il a annoncé vouloir, s'il était réélu, rendre la plateforme plus prévisible en donnant les résultats précis obtenus par les étudiants qui avaient choisi telle ou telle filière les années précédentes.

31/3/2022 : Parcoursup, au coeur des débats de la présidentielle

En 2022, Parcoursup est devenue un véritable objet de campagne. Si la gauche s'est accordée pour une suppression pure et simple du principe de sélection, les Verts ont avant tout souhaité une plateforme plus transparente. Pour les candidats de droite, c'est une orientation sélective et au mérite qui aurait dû être assumée. Seul Emmanuel Macron a défendu le dispositif, invitant toutefois à un meilleur travail en amont sur l'orientation.