Édito : la région PACA, un refuge fragile pour les migrants
60 millions, c’est le nombre de personnes déracinées dans le monde. Aussi nombreux que l’ensemble de la population française, ils sont réfugiés ou demandeurs d’asile. Persécutés en raison de leur religion, de leurs opinions politiques, ou de leur nationalité, victimes de la guerre ou menacés de mort, ces individus ont été contraints de quitter leur pays. A ce nombre s’ajoute les migrants dits économiques, qui ont décidé de partir, en quête d’un avenir meilleur. Si les migrants se déplacent majoritairement entre pays du sud, certains d’entre eux atteignent l’Europe, et croisent parfois le chemin de la région PACA. Symbolisée par son chef-lieu Marseille, à la fois « capitale algérienne » et « comorienne », cette terre cosmopolite et accueillante incarne l’ouverture à la méditerranée. Dès le déclenchement de la crise migratoire, cette région « carrefour » a constitué un point de chute important pour les migrants passants par l’Italie proche ou les eaux méditerranéennes. Pour effectuer un périple parfois mortel, ils ont tout abandonné et se sont endettés. Parfois seuls à leur arrivée, ils sont plongés dans une précarité alarmante.
Pour les aider, associations ou simples citoyens se sont mobilisés en grand nombre, comme dans la Vallée de la Roya. Et à l’image de Cédric Herrou, certains vont jusqu’à désobéir à une loi jugée injuste, entrant dans l’illégalité au nom de la morale. Symboles d’une solidarité qui perdure en France, ils témoignent aussi des carences de l’Etat, qui a pourtant fait des droits de l’Homme un principe fondateur. Dans un pays traversé par les inégalités et les divisions, les crispations identitaires montent un peu plus chaque jour, faisant du rejet des migrants la solution à tous les problèmes. La région PACA n’échappe pas à ces évolutions, offrant des succès électoraux aux discours anti-migrants qui proposent la fermeture des frontières dans une région pourtant historiquement construite sur l’échange.
A travers ce Chicane, nous souhaitons nous interroger sur les conditions d’accueil des migrants qui foulent le sol provençal. A chaque page dépliée de ce journal, nous espérons apaiser un débat devenu conflictuel et comprendre, que derrière les chiffres sur les migrants, se pose surtout une question qui fait appel à notre humanité.