Dans les locaux de l’association, le climat est chaleureux et l’ambiance joviale. Les migrants présents jouent aux chaises musicales, au billard tout en discutant paisiblement. Ahmed, tout sourire et en jean, baskets, chemise, casque audio autour du cou se livre sans retenue : « Je suis parti à cause de la guerre civile et des talibans. Là bas, j’avais peur de me faire couper la tête ou d’être victime d’un attentat. Je suis arrivé en France en voiture et en marchant. Parfois il n’y avait pas assez de place et il fallait se mettre dans le coffre pendant des heures. Le trajet a duré 8 jours. Je suis passé par l’Iran, la Turquie, la Serbie, la Hongrie, l’Autriche et l’Italie ».

Arrivé en France il y a un an, Ahmed, 24 ans, vivait avec sa famille en Afghanistan et exerçait le métier d’agriculteur à Aq Köprük, au nord du pays. Avant d’arriver à Marseille, il est passé par la «Jungle» de Calais où il a effectué une demande d’asile auprès de l’Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides (OFPRA).

Après plus de six mois d’attente, il reçoit une réponse positive. Ahmed dispose à présent d’un studio personnel à la Castellane, fourni par le Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile (CADA). « Je suis satisfait de mon logement, il y a l’eau chaude, le chauffage. Il faisait tellement froid dans la «Jungle»… Je peux cuisiner des plats afghans que nous partageons lors des fêtes de l’association. Je souhaiterais continuer à vivre ici en France, à Marseille, mais j’aime aussi Aix, Lyon et Paris. Avec Giovanni (un bénévole), on va souvent à Aix- en-Provence et on a aussi voyagé grâce à l’association (AAJT). Je souhaiterai également travailler dans la restauration. » Néanmoins, si Ahmed a pu être hébergé, il ne s’agit pas d’un dispositif de logement pérenne et il devra trouver un autre toit dans quelques mois. Face à l’arrivée massive de plus en plus de migrants, la politique d’accueil est sélective, s’effectuant au cas par cas. Seulement un tiers des demandeurs d’asile auront accès à une place en CADA, selon la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars).

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Matthieu Deveze