Point de vue : Gil Mehaly, directeur de la publication de Causeur

Gil Mihealy est directeur de la publication de Causeur. Le média à la ligne conservatrice propose des articles d’actualité critiques et volontiers polémiques.

La ville est-elle adaptée aux femmes ?

Les villes ont été éclairées à partir du milieu du 19è, ce qui a largement contribué à renforcer la sécurité de tous, en particulier les femmes, plus fragiles et sensibles à ces questions.

Pourquoi les femmes se sentent encore en danger en ville, alors ?

On confond l’égalité, qui est l’aspiration à l’égalité entre hommes et femmes, et l’égalitarisme, où l’on veut effacer les différences parce qu’on pense que c’est la source des tensions et des problèmes. Cet égalitarisme est une tentative de faire de la femme une victime par essence, comme dans la chanson de John Lennon “woman is the nigger of the world”, une créature fragile qui peut être traumatisée par une remarque désobligeante ou grossière.

Vous voulez dire que les femmes se victimiseraient elles-mêmes ?

Il y a un désir d’être victime, car ce statut est devenu très profitable. C’est comme un passe- partout, une sorte de joker que les gens se mettent à utiliser.

Que pensez-vous de la tribune sur la « liberté d’importuner » publiée dans Le Monde en 2018 ?

Cette tribune dit des choses intéressantes et justes. Sur le fond, l’idée était que la liberté de chacun inclut de souffrir de certains inconforts et gênes. Je ne dis pas qu’il faut qu’on se fasse du mal pour devenir résilient, mais on peut prendre des coups. Il faut garder notre indignation, notre énergie pour des actes vraiment inadmissibles qui méritent procès et sanctions… Les gens aujourd’hui attendent du monde d’être une sorte de colonie de vacances où tout est agréable. On infantilise l’homme.

Marlène Schiappa a mis en place des dispositifs pour lutter contre le harcèlement de rue, qu’en pensez-vous ?

Veut-on vivre dans un pays où tout se termine devant des tribunaux ? Moi non. On peut essayer de gérer certaines situations et prendre sur soi. Il y a tellement de choses qu’on peut faire avant de pénaliser et d’aller pleurer dans le giron l’État-providence, notre mère à tous.

Peut-on dire que la domination masculine décline ?

Oui : ça a commencé dans les années 40 avec le droit de vote, continué avec la pilule, l’avortement, les crèches, le travail des femmes. L’égalité dans le travail et des chances est plus grande qu’avant. C’est pourquoi l’indignation, les condamnations et les exigences me semblent largement exagérées : crier à l’assassin quand les choses s’améliorent est vraiment incompréhensible.

Pensez-vous que c’est possible d’obtenir un rapport d’équilibre entre femmes et hommes ?

Non, je ne pense pas que ce soit possible ni souhaitable. Il y a des différences, même s’il y a une égalité formelle devant la loi : l’homme par sa force physique, son agressivité, peut avoir des avantages et la femme en a d’autres propres à son sexe.