Prenons l’exemple des toilettes publiques. Non-mixtes, elles sont réservées soit aux femmes, soit aux hommes. Or, « c’est un exemple flagrant de stigmatisation de ceux qui naviguent entre les catégories de genre », explique Milan Bonté, doctorant en géographie et urbanisme à l’Université Paris 1. Loin d’être anecdotique, cette problématique est essentielle car « si on n’a pas la possibilité d’aller aux toilettes, on a un temps d’accès à l’espace public qui est moindre », explique le chercheur. Les personnes trans ne sont pas non plus prises en compte par les procédures d’accès aux services publics. Que ce soit dans une mairie, un bureau de poste, ou encore un lieu d’étude, beaucoup de ces services du quotidien impliquent de devoir dévoiler son état civil. Or, il est fréquent que celui-ci ne corresponde pas à l’apparence et au genre dans lequel la personne est perçue. Pour Milan Bonté, cette « révélation publique de la transidentité de la personne constitue une « violence administrative ». Ces démarches anodines deviennent des épreuves pour les personnes trans, dépendantes du « bon vouloir de leurs interlocuteurs ».
Comment rendre la ville plus inclusive ? Selon Milan Bonté, l’enjeu repose « dans le fait que les personnes trans se sentent prises en compte, acceptées et plus en confiance dans les espaces publics ». Le chercheur a notamment observé que la diffusion du drapeau LGBT dans les rues de la Paris dans le cadre de campagnes a « augmenté la confiance en elles des personnes trans et donc leur capacité à accéder à la ville». L’administration peut aussi agir de manière concrète, par exemple, « en ne mentionnant pas le genre de la personne sur la carte de transport », ou encore « en permettant d’organiser des créneaux piscine réservés aux personnes trans ». Milan Bonté souligne également certaines initiatives : « à Rennes, les accesseurs ont été formés pour ne pas dire à haute voix l’état civil de la personne à sa demande ».