Comme beaucoup de chefs de petites et moyennes entreprises, Camille a dû faire un choix, après être devenue mère, entre une certaine carrière et une vie de famille épanouie.
Concilier vie de famille et vie professionnelle : le difficile ajustement
Camille est patronne d’une PME basée dans les Hauts-de-Seine, spécialisée dans le bâtiment. L’entreprise emploie 20 salariés et réalise un chiffre d’affaires de 4 millions d’euros annuels. Depuis 30 ans, Camille mène sa barque entre les flots houleux de l’économie de marché et l’éducation de ses trois filles. Avant d’être chef d’entreprise, elle travaillait dans une multinationale, en marketing et communication. « Je rentrais à minuit chez moi. Ça me plaisait énormément mais c’était pas compatible avec une vie de famille. » Elle a donc décidé de rejoindre son mari, déjà lancé depuis quelques années en autodidacte dans la construction.
Titulaire d’un bac+5 en commerce, elle prend en charge, entre autres, la comptabilité. Mais n’oublie jamais ses enfants : « moi ce que je voulais, c’était ne pas faire comme ma mère, et pouvoir m’occuper de mes enfants. Donc certaines fois, je faisais ma comptabilité à 4, 5 h du matin, quand les enfants dormaient, ou le soir quand ils étaient couchés. Mais je m’en occupais la journée » souligne-t-elle d’une voix énergique et franche. Aujourd’hui, elle est profondément satisfaite de ne pas avoir « raté grand-chose dans l’éducation de [ses] enfants. »
Un salaire « pas dingue » pour le travail fourni
“Ce n’est pas forcément pour l’argent qu’on fait ça ! On n’a pas de gros salaires ! » se défend Camille quand on lui parle argent. Elle travaille environ 50h par semaine. Son mari plus de 60. Et quand on lui parle de sa rémunération, elle affirme franchement que « ce n’est pas assez ». Elle gagne 2900€ net par mois, et son mari 4000. « Ça n’a rien à voir avec les boîtes du CAC 40, râle-t-elle. Et même en interne, j’ai des employés qui gagnent plus que moi! Alors c’est sûr, c’est mieux que certains, mais c’est pas des salaires de dingue. »
Une entreprise qui se veut conviviale
Le couple de patrons a aussi voulu que son entreprise soit familiale dans son fonctionnement, au quotidien. C’est là qu’elle dit trouver le sens de son travail. Cinq de leurs employés ont moins de 30 ans, quand quatre autres ont plus de 54 ans. « Les vieux essaient de faire monter en compétences les jeunes, il y a un gros transfert de savoir-faire », explique-t-elle « Et on a des employés à « bac moins dix », comme d’autres à bac+7, des personnes de toutes origines et de toutes conditions. Et tout ce monde-là travaille ensemble ». L’entreprise accueille aussi depuis un an et demi deux travailleurs migrants mineurs, en CAP plomberie et maçonnerie. « Je trouve ça vraiment chouette de se dire qu’on fait vivre vingt familles, et qu’en plus il y a un mélange culturel et social, qui est enrichissant » conclut-elle dans un sourire fier.