Travail, au bout du boulot

Edito de Elhia Pascal-Heilmann & Marie Pouzadoux

Mercredi 27 octobre 2020, sous les coups de 20h, la nouvelle d'un reconfinement tombe en France. Un coup dur pour les travailleurs épuisés après des mois d'alternance entre télétravail, chômage partiel et inactivité.

Mercredi 27 octobre 2020, sous les coups de 20h, la nouvelle d’un reconfinement tombe en France. Un coup dur pour les travailleurs épuisés après des mois d’alternance entre télétravail, chômage partiel et inactivité. Un cocktail d’incertitudes prompt à alimenter leur colère. Pour ceux envoyés en première ligne, le temps passé à réclamer, puis attendre des primes ou des augmentations qui n’arrivent jamais est éreintant. L’expérience du premier confinement a laissé des traces et rend plus difficile les nouvelles mesures. Alors que les entreprises appellent les travailleurs à poursuivre leur activité en présentiel, le gouvernement incite plus que jamais au télétravail. La cacophonie l’emporte. En 2020, à l’aune de la crise sanitaire, jamais ou presque la protection des travailleurs n’aura été une question si centrale. 

Le sens de la valeur travail dans les sociétés occidentales est remis en cause depuis la fin des années 1990, avec l’émergence de nouveaux témoignages sur la souffrance au travail. La crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 exacerbe et ravive les débats autour de ce vaste sujet. Travailler doit-il et peut-il rendre heureux ? Qu’est-ce qu’un métier qui a du sens ? Tout travail mérite-il salaire ? Faut-il mieux rétribuer les salariés ? L’enjeu de ce onzième numéro du Chicane est de faire place à ces questions qui se bousculent et s’entrechoquent, rendant parfois ardue la compréhension des enjeux. 

Dans cette édition, vous croiserez au fil des articles, Catherine, 58 ans, salariée de la grande distribution épuisée et sous payée et Camille, patronne de PME, qui ne compte plus ses heures pour un salaire qu’elle n’estime pas très élevé. Vous saurez pourquoi le bore-out est désormais considéré comme du harcèlement, grâce au récit de salariés mis au placard, et plongerez dans le discret quotidien des agents du funéraire au temps du covid. Au détour des pages, vous apprendrez qu’un bullshit job n’est pas forcément un job à la con, confrontant théorie et pratique.  Enfin vous vivrez l’expérience de la reconversion aux côtés de  jeunes actifs, ex-cadres dynamiques en quête de sens et découvrirez la philosophie du travail scandinave, simple mais au nom compliqué, l’Arbejdsglaede. 

C’est un Chicane confiné quoique audacieux qui voit le jour. Nous vous proposons de faire un pas de côté face à une actualité débordante, pour réfléchir sereinement aux enjeux du travail, tout en ayant bonne conscience de ne pas tenir vos résolutions de ce deuxième confinement.

Bon voyage à travers nos pages ! 

Elhia Pascal-Heilmann & Marie Pouzadoux

Rédactrices en cheffes

Elhia Pascal-Heilmann : Etudiante en journalisme, férue d'enquêtes et de reportages, les sujets sociaux me passionnent. Formée à Sciences Po Aix et en rédaction indépendante, j'affute ma plume.

Marie Pouzadoux : Auvergnate un brin bavarde, je suis journaliste en formation au sein du Master 2 journalisme de Sciences Po Aix et l’EJCAM. Au fil de mes années d'études, je me suis spécialisée sur les questions politiques. Formée au sein de la rédaction de Politis et de la Fédération Internationale des journalistes (IFJ), j'aime être sur le terrain et en enquête. J'écris aujourd'hui pour le blog que j'ai co-créé, Pré carré, éloge du local et des environs.