Depuis plus d’un demi-siècle, l’opinion publique, locale et nationale, voit rouge à cause des rejets de l’usine de Gardanne. Habitants, associations, élus et industriels se déchirent, particulièrement en période électorale, sur une question qui dépasse l’enjeu des boues rouges : comment concilier la protection de l’environnement et le développement économique ?

Lorsque le préfet autorise Pechiney à déverser ses boues rouges en 1966 dans la mer, personne ne s’attendait à ce que les rejets se poursuivent jusqu’en 2015. Pourtant en 1972, l’interdiction d’une pollution similaire en Corse, suite à une forte mobilisation, aurait pu servir d’exemple.

Comme l’affirme Nicolas Hulot, « l’écologie est aussi et surtout un problème culturel ». Ainsi, les conflits environnementaux peuvent avoir des échos d’ampleurs variés, mais s’enracinent avant tout localement. Implantée depuis 1893 à Gardanne, l’usine fut un symbole de prospérité pour des générations de travailleurs. On y produit l’alumine, matière première de l’aluminium, à partir du minerai de bauxite. Longtemps extrait dans la région, son nom vient du village des Baux-de-Provence où il fut découvert en 1821. Mais aujourd’hui le minerai est importé de Guinée et, bien que l’entreprise exporte sa production, entre autres destinée à la fabrication de smartphones, l’usine fait face à des difficultés croissantes.

La protection de l’environnement est apparue dans le débat politique depuis plusieurs décennies, sans jamais devenir un élément essentiel des promesses électorales. Face aux enjeux économiques, la création du Parc national des Calanques semble être une réponse insuffisante pour les défenseurs de l’environnement. Comment améliorer et renforcer le cadre législatif déjà existant ? Comment concilier intelligemment écologie et économie, pour en faire une priorité du débat public ?

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