Que ce soit au pied des ruines de l’usine de l’Escalette ou dans les locaux abandonnés de l’ex-société de production d’acide tartrique Legré-Mante, les désirs de projets immobiliers touristiques et de loisirs se succèdent et effraient les militants de l’environnement. Les enjeux et conflits sont nombreux : protéger la tranquillité des riverains, assurer la dépollu- tion des talus recouverts de scories toxiques, éviter des constructions jetant les particules de plomb ou d’arsenic dans la mer et reprendre en main cette zone classée Natura 2000 qu’ils chérissent tant. Pour Rolland Dadena, du Comité Santé Littoral Sud, construire signifie « ressortir la pollution coincée dans les sols depuis 200 ans. Des générations pourraient être malades ». Dans l’attente des budgets pour l’élimination totale des polluants, un confinement, consistant à couvrir les sols de béton, serait la seule issue pour protéger les riverains et les touristes du Parc.

Pour les élus et associations, la dépollution permettrait de consolider la légitimité d’un Parc pour lequel ils ont œuvré. « Ce Parc national des Calanques devrait permettre de mieux gérer l’ère post-industrielle de ce territoire, dans l’intérêt des espèces marines et terrestres », explique Hervé Menchon, élu EELV du secteur. Mais le silence de la Métropole, jeune et « encore en rodage », et de la mairie qui « avance sans concertation sur la plupart des projets », accentue l’agacement des militants. Quant au Parc : « il a assimilé nos exigences, notre programme et revendique le tout. Bien souvent cela reste incantatoire et les actes ne suivent pas, comme le prouve la prolongation des rejets d’Alteo en mer avec l’avis favorable donné par le Parc », ajoute l’écologiste. Selon lui, le Parc national des Calanques a avant tout été soumis à des pressions foncières, bien qu’il tende à se sanctuariser.

Ces manifestations interrogent sur les pouvoirs d’agir du Parc national des Calanques, visiblement partagé entre des désirs d’accompagner le développement économique local avec ses emplois induits et la protection environnementale, néanmoins coûteuse.

A propos de l'auteur

Claire Marchal