Bien informés, les hommes sont des citoyens ; mal informés ils deviennent des sujets”, écrivait le sociologue Alfred Sauvy. C’est dans la lignée de cette pensée qu’en 2013, un rapport ministériel propose de soutenir le développement des médias alternatifs dans les quartiers prioritaires. L’objectif : rompre avec l’image du “quartier” apparue dans les médias nationaux lors des émeutes urbaines de 2005. Informés différemment, les citoyens seraient ainsi davantage libérés des clichés souvent délivrés par les médias “classiques”.

Dans un contexte de crise des médias lié à une perte de confiance du public, au bouleversement de leurs modèles économiques et au développement des réseaux sociaux, la recherche d’une “alternative” suscite l’intérêt. Derrière le terme générique se cache pourtant une réalité multiple : le “média alternatif” est-il un média de proximité, à l’image du Ravi marseillais ? Ou plutôt, comme le Bondy Blog, un média hybride, à la fois dédié aux quartiers défavorisés mais aussi à la formation des journalistes ? Ou encore un média associatif, comme Zibeline ou Anonymal TV ? Si le choix des termes fait débat, l’ensemble de ces acteurs partagent les reproches aujourd’hui adressés aux médias classiques : éloignement de la réalité du terrain, absence de pluralisme des opinions, dépendance politique ou financière.

Les médias alternatifs sont-ils pour autant une solution pour renouer la confiance perdue entre les journalistes et leur public ? Ces nouveaux supports doivent eux aussi faire face à plusieurs difficultés. Dépendance aux subventions publiques, formation des journalistes, lien avec les lecteurs, format et contenu de l’information : autant de questionnements abordés dans ce numéro, témoignant du fait que les médias alternatifs – avant d’être perçus comme les garants d’une information indépendante qui fait face aux idées préconçues et autres  “fake news” – doivent encore prouver qu’ils ne sont pas simplement des “fake médias“. 

A propos de l'auteur

Elhia Pascal-Heilmann & Marie Pouzadoux

Rédactrices en cheffes

More fundamental than religion is our basic human spirituality. We have a basic human disposition towards love, kindness and affection, irrespective of whether we have a religious framework or not. When we nurture this most basic human resource when we set about cultivating those basic inner values which we all appreciate in others, then we start to live spiritually.