Les évènements initiés à Clichy-sous-Bois avaient permis une prise de conscience : celle de l’existence de la banlieue comme “catégorie fabriquée par et pour les médias”, selon le sociologue Gérard Auger. Mais ce n’est qu’en 2013, à travers le rapport « Pour une réforme radicale de la politique de la ville », rédigé par Marie-Hélène Bacqué et Mohamed Mechmache, qu’est préconisé “le développement et la diffusion de médias locaux et d’expressions culturelles issus des quartiers populaires” dans le but de “changer l’image de ces quartiers”. Investir le champ médiatique devait constituer pour les habitants une forme « d’empowerment », c’est-à-dire “une démarche qui s’appuierait sur le pouvoir d’agir des citoyens, sur leur capacité d’interpellation” afin de “transformer les services publics et les institutions”.

Depuis, plusieurs mesures ont été mises en place afin de changer l’image des quartiers prioritaires et de permettre la prise en compte des habitants dans les prises de décisions locales. Une centaine de médias de proximité ont vu le jour, comme le BornyBuzz à Metz : dès 2015, ils ont été subventionnés par un fond spécial du ministère de la Culture. De plus, l’idée « d’empowerment » a été retenue par une loi en février 2014 dédiée à la cohésion urbaine : les habitants des quartiers sont désormais associés à la réflexion autour des projets de renouvellement urbain.

Mais l’avenir de cette approche semble aujourd’hui compromis. L’image des banlieues demeure très majoritairement négative : selon un sondage de 2017 (IFOP), quatre français sur cinq estiment que la banlieue est un territoire plus violent que le reste du pays. De plus, la médiatisation de ces quartiers n’apparaît plus comme une urgence : parmi les dix mesures exigées par les signataires de « l’appel de Grigny », aucune n’évoque les questions de la médiatisation des quartiers prioritaires ou de la participation des citoyens.

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Stefan Foltzer