Entre 2015 et 2017, le gouvernement a débloqué 100 millions d’euros et mandaté 80 structures pour sensibiliser à la problématique de la radicalisation. Dans le cadre de la politique de la ville, la focale s’est portée sur les quartiers prioritaires. Comme l’affirmait Patrick Kanner, ministre de la Ville de 2014 à 2017, “il est indéniable que le chômage de masse, la pauvreté et la discrimination peuvent constituer le terreau de l’extrémisme religieux”.

Au coeur de cette action se trouve l’éducation aux médias. Portée par des acteurs associatifs, elle mène à la création de structures hybrides qui oeuvrent à l’éducation et à la formation aux médias et à la promotion de l’expression de la parole citoyenne. Ces structures, destinées à devenir le vivier d’une “autre” information, jouent un rôle social qui implique un besoin financier : une dépendance à laquelle sont soumis l’essentiel de ces acteurs, souvent non professionnels.

Il émerge ainsi un marché de la prévention de la radicalisation. La sénatrice écologiste Esther Benbassa dénonce le “vedettariat” des acteurs impliqués et l’existence d’un “business du terrorisme” où la communication semble plus importante que les résultats.

A titre d’exemple, Unismed, association nationale qui se targue du soutien de nombreuses collectivités, a obtenu 200 000€ du département des Bouches-du-Rhône pour développer des contenus numériques viraux. À ce jour, rien n’a été produit. L’Etat contrôle-t-il effectivement l’efficacité et la transparence de ces acteurs ?

Comme l’a souligné la sénatrice UDI Nathalie Goulet, le principal défi semble ainsi être celui de la professionnalisation “pour donner ces marchés à des gens responsables et compétents”. Et éviter les dérives.

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Eloïse Voudon