Créé pendant les émeutes, le Bondy Blog s’est assigné pour mission de constituer le porte-voix des quartiers prioritaires. Ce média en ligne indépendant fondé par des journalistes suisses après une immersion de trois mois en banlieue parisienne visait à raconter les quartiers de l’intérieur. Face à une perte de légitimité et à un fossé qui continue de se creuser entre médias et quartiers prioritaires, l’idée selon laquelle ces derniers doivent se raconter eux-mêmes a fait son chemin.

Clichés, raccourcis, sensationnalisme… nombreuses sont les critiques à avoir été formulées à l’encontre des “grands” médias. De Pierre Bourdieu à Julie Sedel, les sociologues dénoncent la construction d’un lieu commun en partie lié aux formats journalistiques choisis. Impératif d’audience, réduction de la durée des reportages et avènement du fait divers contribuent notamment à faire régner l’urgence sur un sujet de société pourtant complexe. Pour la journaliste Faïza Zerouala, Clichy-sous-Bois est ainsi devenu un “laboratoire journalistique à ciel ouvert”.

Donner à voir en s’éloignant de l’actualité chaude, c’est le pari que se sont lancés certains acteurs des médias. L’amélioration du traitement médiatique de ces quartiers apparaît surtout comme une affaire de formats qu’il convient de repenser en s’éloignant du fait divers et de l’actualité positive, au profit de formats adaptés. Michel Henry, journaliste collaborateur du site Les Jours, explique qu’il est essentiel de “donner un autre éclairage, pas un coup de flash comme c’est souvent le cas”.

Enquête et analyse devraient alors être les mots d’ordre du journalisme en banlieue face à ce que Noël Mamère désignait en 2007 comme une “dérive médiatique très dangereuse de l’émotion et de l’immédiateté”.

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