Quel est le but recherché par  le « journalisme en résidence » ?

L.R.: “Ce dispositif touche à la base la question de la prévention à la radicalisation. Le but est d’envoyer des journalistes dans les quartiers prioritaires pour rattraper en quelque sorte “les brebis égarées du troupeau”. La ville de Roubaix avait envie d’accueillir ce dispositif pour différentes raisons: l’intérêt du numérique et la rencontre avec les jeunes de quartier pour savoir comment on vérifie l’information, mais aussi la question de l’identité, de la représentation des descendants de l’immigration dans les quartiers populaires.”

La proximité est essentielle pour parler des quartiers prioritaires ?

L.R.: “Nous ressentons dans le métier une certaine forme de recul du terrain ces dernières années, en raison de la crise économique qui touche le milieu de la presse et des choix éditoriaux actuels. On ne se rend pas forcément compte, comment nos papiers affectent ceux et celles qui vivent les choses que l’on raconte. La résidence, en ce sens, est un vrai retour au terrain. 

Pendant la résidence on touche du doigt les raisons pour lesquelles les gens peuvent nous en vouloir, nous craindre mais aussi nous apprécier. On s’aperçoit de la manière dont les jeunes s’informent, qui peut être assez éloignée de la nôtre. Dans le milieu journalistique, on peut rapidement être enfermé et penser que tout le monde a une connaissance des médias ou une manière de s’informer comme la nôtre.”

Quelles sont les limites du dispositif ?

L.R.: “Il m’a manqué avant tout du temps. Il faudrait un calendrier mieux organisé sur le long terme pour continuer à toucher un public toujours aussi large et associer d’une meilleure manière peut-être les enseignants.

Ces dispositifs sont majoritairement aussi centrés sur les quartiers prioritaires, alors que l’on devrait le faire sur tout le territoire: il y a aussi bien dans certains quartiers à l’apparence plus aisée un rejet et un manque de confiance dans les médias traditionnels.”

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