Si le Bondy Blog cherche à s’affirmer comme un média professionnel, en atteste ses partenariats réguliers avec le journal Libération, il demeure associé et circonscrit géographiquement à la banlieue. Une localisation qui n’est pas neutre et pose la question de son lectorat, pouvant être jugé trop local ou trop spécifique. Cela n’empêche en rien certains journalistes de médias nationaux de venir glaner sur son site des informations.

Cet état de fait participe de son statut de média local, le rendant parfois dépendant des pouvoirs locaux et notamment des municipalités. Selon la sociologue Julie Sedel, auteure du livre Médias et banlieue : “en tant que lieu d’expression il peut contrevenir à des pouvoirs formels et informels locaux, ce n’est pas un simple média, il peut semer le désordre.” D’où son besoin vital de maintenir avec eux des relations cordiales.

A l’image des associations de quartier, la question de la pérennité du Bondy Blog s’impose. Si il a persisté en banlieue parisienne, sa version marseillaise n’a pas subsisté plus de six ans. Preuve sans doute que le modèle de Bondy n’est pas universellement transposable. L’antenne marseillaise manquait cruellement de fonds et contrairement à Bondy où les rédacteurs sont payés 40 euros par article, la rétribution y était inexistante.

La fragilité d’un média dit alternatif dépend ainsi principalement de son modèle économique, le plus souvent instable. Les départs vers la vie active et vers d’autres médias des jeunes participants amplifient le caractère précaire du Bondy Blog, en lutte constante pour sa survie.

Identité éditoriale affirmée et circonscrite à un territoire, le Bondy Blog est ainsi en proie aux mêmes problématiques que celles des médias traditionnels : sa pérennité et son indépendance, auxquelles s’ajoute la question de sa légitimité

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Anne Massardier