Pour Guillaume Doizy, historien de la caricature, le dessin de presse en France a connu au cours de son histoire des périodes fastes contribuant à faire émerger une spécificité française en la matière. La Révolution française a fait jaillir une multitude de dessins diffusés dans les multiples gazettes nouvellement créées mais qui restent encore confidentiels.

« Ce n’est qu’au milieu du XIXe siècle que l’on va observer une véritable rupture avec la publication de caricatures dans des journaux quotidiens », précise M. Doizy. Emerge alors une véritable culture satirique s’adressant à l’ensemble de la population, contribuant à en faire un particularisme national. Cependant, le dessin de presse français accuse aujourd’hui une perte de vitesse. Pour l’historien, cela s’explique d’une part par son manque d’inventivité et d’autre part, par le contexte actuel de « faible position politique », bien moins marqué que les incessantes polémiques du XIXe siècle.

Ces caractéristiques ne sont cependant pas forcément universelles. Nicolas Vadot, dessinateur pour le quotidien financier L’Echo et l’hebdomadaire Vif/L’Express explique que la spécificité du dessin de presse français réside dans le fait qu’il est davantage militant que dans d’autres pays. Ainsi, pour le dessinateur, la conception belge du dessin de presse est différente. « En Belgique francophone, chaque journal a son dessinateur attitré et il fait partie de l’image de marque. En France, on en est loin, à part quelques journaux », explique-t-il. A cela s’y ajoute, selon lui, que la culture du dessin polémique si cher à la France y est toutefois moins présente.

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Alexine Besson