Le dessinateur de presse, entre artiste et journaliste
Difficile de définir ce qu’est exactement un dessinateur de presse. D’ailleurs, aucune filière spécialisée ne permet d’appréhender le métier, et les parcours sont extrêmement variés : Plantu a commencé par une année de médecine !
Pour Clément Quintard, caricaturiste sur Twitter, le dessinateur de presse se considère avant tout comme un « artiste pas comme les autres ». Ses dessins, comiques, incisifs et mordants sont intimement liés à l’actualité, croquée avec décalage, acidité ou douceur, mais toujours avec humour. Tiraillé entre l’intemporel de l’art et l’éphémère de l’actualité, son but est d’apporter un éclairage particulier, critique, aux évènements.
Le dessinateur de presse est aussi un journaliste d’un genre un peu particulier, se servant non pas de sa plume mais de ses pinceaux pour dire le monde, comme Jacques Faizant, ancien dessinateur de presse du Figaro qui se définissait dans une interview au Monde comme « d’abord journaliste », faisant passer ce qu’il avait envie de dire « par le truchement du dessin ». Le dessinateur de presse peut devenir « reporter dessinateur » par la délivrance de la carte de presse, lui octroyant parallèlement le statut plus protecteur de « journaliste ».
Mais les frontières sont poreuses et les définitions multiples. Le caricaturiste belge Kroll ne se considère pas comme un journaliste. « Ce n’est pas moi qui cherche la source de l’in- formation. Mon information, c’est celle que tout le monde a déjà, j’y ajoute un commentaire supplémentaire. Je me définis vraiment comme un humaniste », explique-t-il dans un entretien avec Numa Sadoul pour le livre Dessinateurs de presse.
Pour le spécialiste de la caricature Guillaume Doizy, « le dessinateur de presse n’est pas plus un artiste qu’un journaliste qu’un militant qu’un commentateur…ça dépend de la période, de comment lui-même se conçoit, du support sur lequel il dessine et du contexte politique ». Mais qu’il se définisse comme artiste, journaliste ou bien encore « révolté », comme Cavanna, le cofondateur de Charlie Hebdo, le dessinateur de presse doit être multifacettes. Selon Philippe Delestre, dessinateur pour L’Est Républicain : « il faut être passionné de dessin, d’actualité, très opiniâtre et puis souhaiter que ça marche… Aimer beaucoup la vie, aussi »