France, États-Unis, même combat ? la vision d’étudiantes internationales

De l'autre côté de l'atlantique, le processus de sélection et d'accès à l'enseignement supérieur est tout aussi stressant. Il ne repose cependant pas sur les mêmes dynamiques qu'en France. Témoignages

Le processus d’admission universitaire est une des périodes les plus effrayantes et stimulantes de la vie des jeunes. Mais ce processus d’admission est complexe, que ce soit en France ou aux États-Unis. L’impact du Bac et des concours sur la vie des étudiants est déterminant, les résultats de ces épreuves pouvant décevoir comme ouvrir de nombreuses portes. Les équivalents états-uniens du bac sont le SAT (Scholastic Assessment Test) et l’ACT (American College Test). Quant à Parcoursup, les États-Unis passent par Common App, un système que la plupart des universités utilisent pour admettre les étudiants. Le système français est plus algorithmique que le système américain, qui repose un peu plus sur l’individuel et le cas par cas. Cependant, la crise sanitaire fut le catalyseur du changement des épreuves standardisées aux États-Unis. Le Covid a empêché le College Board, l’organisation chargée de préparer les épreuves standardisées et de maintenir les tests dans plusieurs lieux. Les universités américaines sélectives ont donc refusé ces épreuves : parmi elles, on trouve sept des huit universités de l’Ivy League, la crème de la crème du monde académique américain.  

Un changement qui fait date

Depuis les années soixante, les étudiants américains désirant postuler dans des universités sont testés soit par le SAT, soit par l’ACT. Ils ajoutent à cela lettres de motivation, documents complémentaires et transmettent les notes qu’ils ont reçues pendant le lycée aux universités de leur choix. Les résultats du lycée comme des examens jouent beaucoup dans la décision prise par l’université d’admettre l’étudiant. Cependant, le mouvement de refus des tests standardisés s’est prolongé après la pandémie, et beaucoup d’universités ont décidé de ne plus demander aux candidats de soumettre leurs résultats d’ACT ou de SAT.  Ainsi, depuis cette crise, les universités les plus prestigieuses ont arrêté de demander les résultats à ces examens.  En citant les problèmes d’accès pour les étudiants défavorisés, ou même les étudiants racisés, parfois discriminés, les universités de l’Ivy League, y compris Harvard et Yale, ne recourront plus aux épreuves standardisées jusqu’en 2026. Depuis début 2022, le système universitaire de la Californie les a annulées. Plusieurs autres états ont pris la décision d’arrêter de passer par ces épreuves. « Cette décision s’aligne sur les efforts continus de California State University visant à minimiser les différences de niveau et fournir un meilleur accès à une éducation de haute qualité, pour les étudiants venant de tous milieux » explique le président d’université Steve Relyea. 

Toutefois, ce changement n’est pas accepté par tout le monde. « Abandonner l’usage des épreuves objectives comme l’examen ACT introduit plus de subjectivité et d’incertitude aux processus d’admissions, et cette décision va probablement empirer les injustices déjà tranchées en Californie » , dénonce l’administration ACT dans une déclaration en réponse à la décision de la California State University.

De grandes réformes des deux côtés de l’Atlantique

Il est important de noter que les étudiants les plus aisés sont bien avantagés par rapport aux autres au cours des examens SAT et à l’ACT, en raison d’un meilleur accès aux cours particuliers et au système éducatif fortement privatisé aux Etats-Unis. De plus, le SAT et l’ACT mesurent surtout les aptitudes d’une personne à passer des tests et non sa préparation à l’université. Frédéric Ferrazzola, responsable du pôle d’admission à Sciences Po Aix explique qu’on ne peut pas parler de système meilleur que l’autre dans le cas de la France et des Etats-Unis : on peut plutôt dire que ces systèmes sont surtout basés sur des considérations culturelles. Par exemple, le système américain fait la part belle aux activités extracurriculaires et au sport, alors que le système français privilégie les notes. Parcoursup semble ainsi en contraste avec le système américain, qui se débarrasse de toute standardisation, le rendant cependant moins transparent. Le processus aux États-Unis finit par apparaître comme plus ambigu, mais d’une certaine manière plus équitable avec une prise en compte accrue des éléments humains, jusqu’à présent réduits à des résultats de tests.