Un lutin danse sur une mélodie saccadée et des chauves-souris surgissent en arrière-plan. Devant son écran d’ordinateur, Françoise Sarto, professeure de technologie au collège Jules Verne à Le Pontet, empile des blocs de couleur sur le logiciel de codage Scratch. Former 300000 enseignants, éducateurs et animateurs pour initier les jeunes de 8 à 14 ans à la pensée informatique, c’est le défi de Class’Code. Piloté par l’INRIA – institut de recherche en sciences du numérique – et soutenu par un Programme d’Investissements d’Avenir, ce projet anticipe sur la réforme scolaire qui introduira le langage informatique dans les programmes dès la rentrée 2016.

L’originalité du dispositif repose sur un couplage distanciel/présentiel : après avoir suivi un Mooc, un cours en ligne ouvert à tous, les participants se rencontrent pour trouver la meilleure façon d’enseigner la programmation. Au stage d’expérimentation en région PACA, enseignants, éducateurs, animateurs, informaticiens et parents d’élèves endossent pour l’heure le rôle de testeurs. À l’ordre du jour : entraide au codage, activités débranchées et discussions afin d’optimiser le procédé avant son extension sur le territoire national à la rentrée prochaine.

« Un Mooc perfectible »

Formule gratuite bridée, manque de précision des leçons, exercices mal formulés et peu adaptés aux novices : voici les critiques essuyées par le Mooc lors de la séance. Durant deux heures, les échanges ont aussi porté sur la terminologie à employer pour expliquer les notions d’algorithme ou de ligne de code. « Pour que chacun utilise le même vocabulaire, et surtout les bons mots », souligne François Lasne, vice-président de la Fédération PEEP. Autre point d’achoppement : la correction des exercices en ligne par des pairs. Dans l’assemblée, les réactions sont vives : « On est corrigé par des gens qui ne sont pas experts et cela me gêne », « On s’interroge sur notre légitimité à corriger les autres, mais c’est en le faisant que j’ai le plus appris », décrivent certains.

Vingts participants aux profils variés, mais tous coutumiers du langage de la programmation. « Ce travail va permettre d’adapter le niveau d’exigence aux débutants », explique Thierry Nadal, directeur de l’atelier Canopé 04. Pour les néophytes, l’appropriation de ces notions peut néanmoins paraître déstabilisante. Une certaine appréhension règne d’ailleurs chez les médiateurs : « On attend des professeurs qu’ils soient opérationnels dès septembre, mais on va avancer très serrés et je ne vois pas à quel moment ils vont avoir le temps de s’y consacrer ». Pour Françoise Sarto, le Mooc peut être un outil efficace, à condition d’être complété par un accompagnement physique. Il reste 4 sessions Class’Code pour trouver la bonne formule avant la rentrée des classes. Pas sûr que cela suffise.

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Aude Borel