Quand l’école programme…l’informatique
«Nous souhaitons rendre plus complète notre offre de cours», affirme Mme Rousseaux, secrétaire de direction du lycée Rodin à Paris. «Il ne s’agit pas d’un atelier, mais bien d’un vrai cours». Pionnier, le lycée propose ce nouveau cours: l’ICN.
Non imposé, le programme permettra d’aborder des thèmes aussi variés que l’exploration des composants d’un ordinateur, le codage de texte et de son, l’algorithmie et la programmation. Ce cours, dispensé par un professeur ayant obtenu la certification ICN, sera proposé aux élèves volontaires à hauteur de 1h30 par semaine. La méthode d’enseignement dépendra du professeur, mais devrait comporter la conception d’un site Internet ou d’un jeu sérieux (serious game), la création d’une base de données ou encore, plus ludique, programmer un robot pour le faire sortir d’un labyrinthe.
Ce nouvel enseignement n’est ainsi pas sans déplaire aux organismes souhaitant l’introduction de cours de code à l’école. La Fondation Internet Nouvelle génération (Fing) a déclaré l’éducation au numérique «grande cause nationale 2014.» Il s’agit de rendre la France moins dépendante
et consommatrice de productions numériques en incitant et en formant les plus jeunes à devenir davantage acteurs et créateurs de contenus. En somme, rattraper le retard.
Cependant, il n’est pas certain que ce cours d’ICN suffise à « faire de la France une société numérique mature, mais surtout de former les citoyens et les concepteurs-producteurs des services de demain», comme l’a écrit Jean-Louis Frechin dans les Échos du 1er avril 2014. Ce cours est toujours dispensé dans peu d’établissements et, de plus, il s’agit d’un enseignement d’exploration qui permet au mieux d’affiner son orientation, en poursuivant vers un « bac S » spécialité ISN (Informatique et sciences du numérique) pour les plus motivés.
Ainsi, pour Hubert Guillaud, rédacteur en chef d’Internet Actu, ce n’est pas tant l’initiative, mais la pédagogie qui est à remettre en question. Pour lui, «si on n’enseigne pas l’informatique autrement, d’une manière beaucoup moins aride qu’elle ne l’est actuellement, il y a fort à parier que cet enseignement nous
conduit aux mêmes échecs que le plan calcul (plan gouvernemental lancé en 1966 destiné à assurer l’indépendance française en matière de conception d’ordinateurs, NDLR)». Selon lui, enseigner le numérique nécessite alors une pédagogie qui soit..
elle-même innovante.