« Règlements de compte », « Trafics de drogue », « Violences » … Dans les médias, les quartiers nord de Marseille sont presque toujours associés à la violence, celle du jeune désœuvré qui n’a plus que sa kalachnikov pour s’en sortir, s’il n’a pas opté pour l’intégrisme religieux. Un miroir déformant, qui ne reflète que très partiellement la vie dans ces quartiers.

Derrière la construction de la Banlieue du 20 heures (titre du livre de Jérôme Berthaut, sociologue), cette zone de non-droit fantasmée par certains médias, il y a les pressions subies par les journalistes pour s’intégrer et évoluer au sein d’une rédaction. Mais aussi des modes médiatiques, des effets d’agenda souvent dictés par des visites ministérielles, le manque de temps. Dans cette Fabrique du monstre (comme l’a décrite Philippe Pujol), le silence des sphères politique et médiatique autour des causes profondes des souffrances des cités est pesant : la misère économique et sociale, le clientélisme électoral… Certains habitants jouent cependant de cette image, en usent et s’en amusent, finissant parfois par y croire eux-mêmes.

Pourtant, tout n’est pas « déclin » dans ces quartiers. Même si la vie peut y être rude, même si la sphère politique tend à s’en désengager, même si le maire de la ville estime que « tant qu’ils se tuent entre eux, ce n’est pas grave », il existe une vraie effervescence associative, que ce soit pour la solidarité entre les habitants ou dans le but de porter la parole de ceux qui se sentent sans voix, au travers de « médias citoyens » ou culturels.

Les quartiers nord de Marseille sont plus que des tours dans le hall desquelles on vend du shit et on règle ses comptes. Ils sont complexes, marqués par une pluralité d’histoires, d’enjeux, de difficultés, de paradoxes. Alors pourquoi les médias ne font-ils pas état de cette complexité ? Comment participent-ils à la fabrique de ce mythe médiatique ? De quoi nourrir une passionnante controverse.

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Maëva Gardet-Pizzo