Sorti en salle le 5 octobre, le film de Karim Dridi s’intéresse aux banlieues de Marseille, qui sont souvent assimilées médiatiquement à la violence, aux trafics de drogue et aux règlements de compte. Mais à la différence des médias « plus tradition- nels », il en propose une mise en scène hybride, entre fiction et réalité, qui immerge le spectateur dans l’univers des quartiers nord.

Au lieu de raconter la banlieue, avec Chouf, on la vit. Pour Sofian Khammes, in- terprète du rôle de Sofian : « Le réalisateur nous invite, dans une immersion totale, à vivre au plus près des personnages, de leurs désirs et leurs luttes. C’est toute la différence avec les médias qui traitent des banlieues à travers le prisme sécuritaire et des chiffres abstraits. » En faisant du cinéma un espace médiatique alternatif, Karim Dridi a ainsi voulu que « les jeunes soient représentés par eux-mêmes ». Il en a donc auditionné 1500 issus des quartiers marseillais défavorisés dont dix d’entre eux ont été retenus pour un rôle. En proposant un autre horizon social à ces jeunes que celui souvent déterminé par la cité, le réalisateur a obtenu un réalisme saisissant tout en offrant à ces jeunes un espace d’expression sur leurs vies.

Ainsi, Chouf, qui signifie « regarder » en arabe, mène le téléspectateur à « chouffer » les quartiers nord « non pas dans un souci de réalisme ou de justesse, mais dans un désir de vérité », rappelle Sofian Khammes. Une vérité où la violence est souvent double : subite socialement et parfois reproduite physiquement pour s’en défendre. Là où certains médias ne quittent que rarement le registre du simple constat de la violence, le film Chouf propose de médiatiser le déterminisme social subi par les habitants de ces quartiers qui, à l’image de Sofian, semblent condamnés à y rester.

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Clément Roul