Questions de genre à la récré

Au-delà de la polémique des ABCD de l’égalité, les questions de genre se trouvent dans le quotidien des élèves, de la maternelle au lycée. Des enseignants apportent anonymement leur éclairage sur ces questions, dans le privé comme dans le public, de Marseille à Aix-en-Provence.

Qu’il s’agisse de préjugés, de jeux ou de rapports conflictuels, les enfants sont le miroir déformant de la société. À la maternelle, voire à l’école primaire, les enfants jouent en imitant : à “la maman et au papa », aux policiers, aux princesses… Pour leur offrir du recul, un enseignant leur a proposé des jeux inversant les rôles. Il s’est heurté à de nombreuses critiques des familles refusant une remise en cause de leurs images des genres.

Lorsqu’une situation demande une réflexion des élèves – qu’il s’agisse d’un incident interne ou d’un travail sur les stéréotypes dans le sport, cet enseignant invite à de la tolérance et de la citoyenneté. Le lycée prépare à la vie citoyenne, mais également à la vie active et à ses inégalités. L’orientation est abordée différemment pour les garçons et les filles. A notes égales, cet aspect est souvent sous-estimé rappelle l’enseignant. Cette situation résume bien le problème : ne pas ignorer être conscient des préjugés est une difficulté pour les élèves comme pour les parents et les enseignants. Si l’école peut aider à faire reculer les préjugés, c’est avant tout un travail de fond, sur la durée, qui doit être fait par tous.

Léo Caravagna