Sexiste, la grammaire française ?

La grammaire française veut que « le masculin l’emporte sur le féminin ». Cette règle a récemment été remise en cause par des associations féministes, qui ont lancé la pétition “Que les hommes et les femmes soient belles !”

Cette demande de réforme a été vivement critiquée, comme l’avait été la « féminisation » des noms et titres de métiers à la fin des années 1990, ou encore la suppression de « mademoiselle » sur les documents administratifs. Pour ses détracteurs, cette réforme serait inutile, et la règle de proximité serait source de confusion, voire choquante à l’oreille. Les féministes au contraire y voient une nécessité : supprimer une règle qui, dès l’enfance, ancrerait dans l’inconscient collectif l’idée d’une hiérarchisation des sexes.

« Les hommes et les femmes sont belles ». Cette phrase pourrait vous choquer : la grammaire française veut que « le masculin l’emporte sur le féminin ». La phrase correcte est donc « les hommes et les femmes sont beaux ». Cette règle, qui nous paraît élémentaire, a récemment été remise en cause par des associations féministes, qui ont lancé la pétition “Que les hommes et les femmes soient belles !” pour convaincre l’Académie Française de la réformer.

C’est au XVIIIème siècle qu’il a été établi que le masculin l’emporterait sur le féminin dans la langue française, pour des raisons assez éloignées de la linguistique. Le grammairien Nicolas Beauzée, membre de l’Académie française à partir de 1772, justifiait cette règle de la sorte : « le genre masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle ». Avant, comme en latin et en grec ancien, c’était ce qu’on appelle la règle de proximité qui était appliquée : l’adjectif épithète qualifiant des noms de genres différents s’accordait avec le nom le plus proche. Exemple : les manteaux et les vestes sont blanches. C’est donc un retour vers cette règle ancienne qui est demandé par les féministes.

De l’autre côté de l’Atlantique, l’office québécois de la langue française reconnaît deux constructions possibles pour l’accord de l’adjectif : celle suivant le principe du masculin l’emportant sur le féminin, mais aussi la règle de la proximité, qui « n’est pas incorrecte ». Peut-être une solution à envisager pour régler ce conflit linguistique en France ?