À Aix-en-Provence, il n’est pas rare de croiser des croisiéristes dans les rues étroites de la vieille ville. Ils sont souvent en groupe et s’arrêtent dans les boutiques touristiques : lavande, savons de Marseille, calissons… Ils dépensent en moyenne 36€ dans la région, même si, pour « Marseille et ses environs », on remonte à 43,2 euros, selon une étude du cabinet BVA menée en 2017 auprès de 4000 passagers et membres d’équipage. Sans surprise, toujours selon la même étude, les dépenses se concentrent principalement sur les restaurants et les bars, le shopping ou encore sur l’artisanat et les produits locaux. Au total, les 2 195 189 passagers en escale annuellement dans la région, dépensent 79 271 300€, dont 48 346 200€ dans les seules Bouches-du-Rhône.
Le montant moyen diffère lorsque le croisiériste n’est pas en escale mais embarque pour le premier jour de la croisière. Il dépense généralement davantage dans les restaurants et les hébergements la veille du départ. La dépense moyenne s’élève alors à 40,2€ dans les Bouches-du-Rhône. Mettre Marseille en tête de ligne devient donc une stratégie du Club de la Croisière, d’après Hélène Lebas, la déléguée générale. En effet, les clients en provenance des États-Unis arrivent souvent la veille du départ du navire et dépensent en majorité dans les restaurants et hôtels. « 5000 Américains ont embarqué à Marseille en 2019, ils ont passé en moyenne deux jours et demi en ville selon les études » affirme Jean-François Suhas, le président du Club de la Croisière. Au-delà de la tête de ligne, les dépenses dépendent également de la position de Marseille : si la ville est située dans les premières escales, les touristes dépensent beaucoup plus. Dans le cas contraire, ils font davantage attention à leur porte-monnaie, analyse le président du club.
Selon l’étude BVA publiée en 2017, les croisiéristes dépensent essentiellement à Aix-en-Provence et Marseille, avec une moyenne respective de 54€ et 50€. Les autres communes de la région n’enregistrent pas de dépenses de la part des croisiéristes des Bouches-du-Rhône d’après l’étude. Cependant, selon le site du Club de la Croisière Marseille Provence, les principales villes citées où les croisiéristes dépensent sont Aix-en-Provence, suivie d’Avignon et les Baux-de-Provence. Marseille n’arrive qu’en septième position sur huit villes de la région. MSC croisières et Costa proposent sur leurs sites internet différentes excursions à Aix-en-Provence, Arles, Saint-Rémy-de-Provence ou encore Avignon.
Avant l’étude du cabinet BVA en 2017, les estimations de ces dépenses quotidiennes étaient nombreuses et différaient les unes des autres. D’après le conseil économique social et environnemental régional, reprenant des chiffres du CLIA (Cruise Lines International Association) en 2014, ils estiment la dépense à 150€ par passager (60€ pour ceux en transit et 200€ par tête de ligne). Selon une autre étude fournie par le Club de la Croisière, menée sur le port de Barcelone en 2014, un croisiériste dépensait, lors d’une escale, en moyenne 53,3€. Ce chiffre montait à 200€ lorsqu’un passager restait une nuit de plus dans la ville où il embarquait.
La majorité des croisiéristes sont italiens, français, espagnols, américains et allemands, d’après Jean-François Suhas. Ceux qui dépensent le plus sont sans surprise les Américains et les Allemands. Selon lui, « c’est une tendance mondiale ». D’après l’étude BVA, citée par Suhas, les Américains et les Allemands représentent 9% des croisiéristes en 2017.La crise du Covid a donné malgré tout un coup d’arrêt au secteur durant la période mais les croisières repartent. Cependant, la fréquentation reste en dessous de son niveau d’avant-crise. Pour le président du club, même si le secteur a fonctionné à 100% cet été, les six premiers mois ont été difficiles, le temps que les touristes se remettent à voyager. Néanmoins, il table sur 1 million et demi de croisiéristes cette année, comparés aux 2 millions avant le Covid. Concernant les dépenses précises des voyageurs aujourd’hui, il est donc difficile d’obtenir des chiffres plus récents que 2017 car « ces études coûtent très cher ». Mais il est persuadé d’une chose : le tourisme à Marseille dont celui généré par les croisières est “une réalité économique”. Il complète : “Si tu l’enlèves, pour les restaurateurs, les hôteliers, les magasins ou encore les taxis, cela risque d’être compliqué ».