La croisière débarque à Aix-en-Provence

À Aix-en-Provence, des croisiéristes en escale affluent quasiment quotidiennement dans les rues historiques et commerçantes. Chicane a suivi quelques-uns de ces groupes de touristes pour comprendre le déroulé des excursions dans la cité aux mille fontaines.

10h30, un mardi sur le Cours Mirabeau. Les commerçants du marché attendent tranquillement les clients. Le Cours commence à se remplir de touristes : des familles, des retraités… Au loin, un groupe  arrive au beau milieu de l’artère piétonne la plus célèbre d’Aix, avec ses cafés et ses larges trottoirs qui bordent d’élégants hôtels particuliers du XVIIe. Ils portent tous un autocollant coloré, rond, avec un numéro. Ils sont accompagnés d’un guide, pancarte blanche à la main. Ce sont des croisiéristes. Le guide donne ses consignes, en anglais. Ils viennent du bateau le « Wonder of the Seas », de la compagnie Royal Caribbean, pouvant accueillir plus de 9000 passagers. Ils sont pour la plupart américains et viennent juste d’arriver à Aix-en-Provence en bus. Une croisiériste nous explique les instructions données par le guide, avec un accent américain prononcé : « on a quartier libre jusqu’à 15 heures ».

Les croisiéristes se séparent. Munis de leur sac à dos, baskets et lunettes de soleil, un petit groupe de huit personnes est prêt à visiter la ville. Du Cours Mirabeau, ils remontent une rue étroite. Plusieurs s’arrêtent à une dégustation gratuite de thé dans un magasin. Il leur faut peu de temps avant d’effectuer leur premier achat, des boîtes de thé décorées. Second arrêt dans un magasin de vêtements pour enfants, où une croisiériste repart avec un ensemble pour bébé. 

Le petit groupe s’arrête quelques secondes pour admirer la Fontaine des Bagniers, une des plus anciennes de la vieille ville, à la jonction de la rue Clémenceau et la rue des Chapeliers. Ces huit amis, âgés de 55 à 65 ans, viennent de Washington D.C. et font une croisière pour se retrouver. Selon eux, c’est un bon moyen de visiter plusieurs pays sans se soucier de l’organisation. Ils ne se rendent pas forcément dans les musées mais aiment surtout admirer l’architecture en se baladant. Certains d’entre eux connaissent même déjà la région ! À chaque escale, ils estiment dépenser en moyenne 50€ par jour. Mais cela peut varier, s’ils ont un coup de cœur par exemple. Ils avouent s’être lâchés sur des sculptures en céramique à Marseille. Après leur visite, ils comptent s’installer en terrasse et profiter, ce qu’ils ne prennent pas le temps de faire dans leur vie quotidienne aux États-Unis. Non loin de la petite fontaine, ils flânent maintenant place Richelme, où se tient un marché de fruits et légumes, avec des pyramides de pommes bien lustrées et des potirons flamboyants. Il flotte une odeur de marrons chauds.

 Place de l’Hôtel-De-Ville, il fait encore chaud pour une matinée d’octobre. La place est baignée de soleil, un accordéoniste joue des airs latins devant le marché aux fleurs. Juste à côté de la fontaine se tient un autre petit groupe de croisiéristes, six femmes d’une cinquantaine d’années avec un guide. Elles viennent d’une autre croisière : leur autocollant porte un numéro différent et elles parlent espagnol. Elles prennent une photo souvenir devant la fontaine. Tout le monde s’amuse et a l’air de bonne humeur. Une fois la photo prise, la petite troupe remonte la rue Gaston De Saporta pour visiter la cathédrale Saint-Sauveur. Devant Sciences Po, situé en face de la cathédrale romane, un troisième groupe de croisiéristes se voit lui aussi donner des instructions par un guide. Les touristes se déversent ensuite dans les rues d’Aix-en-Provence, avec, eux aussi, le fameux petit autocollant rond numéroté sur leur poitrine. Après un tour dans la cathédrale, les croisiéristes descendent la rue qui file en pente douce vers la place de l’hôtel de ville. Rapide arrêt au magasin de lavande, puis à celui des savons de Marseille. Ils sont parfumés, ce ne sont donc pas d’authentiques savons locaux qui, eux, ne contiennent que de l’huile d’olive et de la soude, mais les rangées de savonnettes colorées attirent le regard et les odeurs de fleurs et de fruits enchantent visiblement les clients. Ils n’en achètent pas cette fois-ci. Les huit Américains sont eux aussi dans la rue touristique. Un des couples porte plusieurs sacs de courses : « on a pas mal dépensé ce matin, on a acheté des cadeaux pour les petits-enfants ».

Accompagnés de leur guide, les croisiéristes espagnols descendent les rues d’un pas rapide jusqu’au passage menant au Cours Mirabeau. Il est midi. Le guide est monté sur une des fontaines de l’avenue principale du centre-ville aixois et agite son drapeau, où un grand groupe de croisiéristes  s’amasse : des retraités, des couples, des familles… Ils avaient, eux aussi, quartier libre. Peu d’entre eux portent des sacs de courses. Le guide attend que tout le monde soit là. Il fait plusieurs aller-retours entre les fontaines du cours avec son drapeau pour chercher les retardataires. Ils se sont sans doute laissés envoûter par la couleur ocre d’Aix et ses rues ombragées.