Selon le Club de la croisière Marseille Provence, 2000 à 2500 emplois sont liés à l’activité de la croisière à Marseille. C’est considérable pour cette ville de plus de 870 000 habitants, dont le taux de chômage est supérieur à celui de la moyenne nationale. « La croisière génère également 44 000 emplois privés dans la région » affirme Jean-François Suhas, le président du Club.
Le Marseille Provence Cruise Terminal (MPCT), tout près de l’Estaque accueille 95 % des croisières à Marseille et concentre par conséquent l’essentiel des emplois liés à cette activité. Ainsi, par navire “on compte 40 à 100 agents de sûreté selon la taille du bateau, 30 agents réceptifs et 30 agents d’entretien (dans le service voyageurs), 10 portes- bagages, quatre à six lamaneurs, quatre dockers. Pour les pilotes, coordinateurs, agents et guides touristiques, ils sont un par bateau, c’est variable en fonction de la taille de ce dernier » énumère Julien Massoni, le directeur de la société MPCT créée en 2009. Ajoutés à cela, les chauffeurs de bus d’excursions, des navettes mais aussi des taxis sont présents sur le terminal. Ce dernier peut recevoir jusqu’à six bateaux de croisière simultanément. « Sur l’année, le terminal accueille en moyenne deux bateaux par jour. Les mois les plus affluents sont avril, mai, septembre et octobre, avec une baisse de la fréquentation de décembre à janvier » précise le directeur du MPCT.
Selon le Club de la Croisière Marseille Provence, le nombre d’employés sur le terminal peut s’élever à 500 les jours de forte affluence. Les trois sous-traitants principaux de la société MPCT sont l’Agence Maritime de Sécurité (AMS), le Grand Port Maritime de Marseille (GPMM) et le Groupe des Porteurs de Bagages (GPB). La plupart des employés sont embauchés en contrat à durée indéterminée, à l’exception des hôtes et hôtesses d’accueil qui sont recrutés en missions d’intérim. « Ce sont principalement des jeunes venant des quartiers nord de Marseille qui travaillent à ce poste », précise Julien Massoni, « C’est une politique voulue par la ville ». Les employés travaillent entre dix et douze heures par jour et sont rémunérés au SMIC.
Une frontière entre emploi direct et indirect encore floue
Combien d’emplois seraient menacés si les croisières venaient à disparaître ? Difficile à évaluer, puisque les fluctuations saisonnières et la situation sanitaire entraînent un recours important à l’intérim et aux emplois à durée déterminée. Tout au plus peut-on préciser quels types de postes seraient plus menacés : les porteurs de bagages ou les dockers seraient plus touchés que les emplois indirects comme les taxis, les bus ou les agents d’entretien dont l’activité peut être pratiquée facilement ailleurs que dans un port. Mais cela reste encore délicat à déterminer. Jean François Suhas préfère raisonner en part de rémunération : « Si demain les croisières n’existaient plus, un marché central de Marseille disparaîtrait totalement. Des emplois seraient supprimés et les rémunérations de nombreux professionnels baisseraient d’un seul coup ». Les représentants des taxis estiment que leur chiffre d’affaires se situe entre 80 000 et 100 000 euros par jour d’escale (2019 ; centrale de réservation de taxis). « Les chauffeurs de taxis affirment que 40 % de leurs revenus proviennent des croisières » confirme Julien Massoni. « Les retombées économiques de la ville seraient affaiblies également, par effet domino » ajoute M.Suhas.
Des retombées économiques considérables pour la ville de Marseille
Le marché de la croisière représente 375 millions d’euros par an sur la métropole d’Aix-Marseille-Provence (2019 ; Club de la Croisière), dont 50 millions d’euros concernant les prestations portuaires et touristiques. Toujours selon le Club de la Croisière Marseille Provence, 10 à 20 % du chiffre d’affaires du Grand Port Maritime de Marseille provient des croisières. Problème : que ce soit la Chambre de Commerce et d’Industrie, la mairie, ou la métropole, aucun autre acteur ne semble être en mesure de confirmer ou d’infirmer ces estimations.