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Depuis 2020, militants et riverains du Grand Port de Marseille s’organisent pour lutter contre le tourisme de masse des croisières, qui pollue la mer et porte atteinte à leur santé. Mais quels sont leurs modes d’action ?

Dans sa lutte contre la pollution liée aux bateaux de croisière, Benoît Payan, le maire (PS) de Marseille s’insurge régulièrement, rappelant à l’envi que les bateaux de croisière polluent comme « un million de voitures ». Compare-t-il la pollution d’un navire ou l’ensemble des navires à celle d’un million de voitures ? Le message se veut clair, mais le chiffre est flou et de fait, largement faux.

Avec plus de 1,8 million de croisiéristes chaque année, Marseille est devenue une étape incontournable des croisières en Méditerranée. Ce marché génère 375 millions d’euros par an de retombées économiques et plus de 2000 emplois directs dans la métropole d’Aix-Marseille-Provence. Malgré tout, l’impact économique des croisières n’est pas suffisant pour que la mairie n’envisage pas de les interdire au nom de l’urgence écologique.

Juillet 2022, la mairie de Marseille lance une pétition en ligne pour dénoncer la pollution générée par les bateaux de croisière, relançant le débat sur les retombées économiques des croisières dans la région. Un montant, 50 euros de dépenses par jour et par touriste en escale, est régulièrement évoqué dans les médias. Qu’en est-il réellement ?

À Aix-en-Provence, des croisiéristes en escale affluent quasiment quotidiennement dans les rues historiques et commerçantes. Chicane a suivi quelques-uns de ces groupes de touristes pour comprendre le déroulé des excursions dans la cité aux mille fontaines.

La relation entre Benoît Payan et les compagnies de croisières qui s’arrêtent sur les côtes marseillaises est, disons-le franchement, agitée. En phase avec les enjeux environnementaux actuels, les prises de positions du maire de Marseille auront su polariser l’opinion publique tant sur le fond que sur la forme. Pétition lancée sur les réseaux sociaux, interventions régulières au conseil municipal et dans la presse, promesses formulées lors de la campagne électorale des municipales de 2020…. son bras de fer avec ce secteur économique est à la frontière entre opportunisme électoral, marketing politique et réelles convictions idéologiques.

Face à un tourisme de masse de plus en plus envahissant, la ville de Marseille cherche à repenser sa stratégie. Chose d’autant plus délicate que ce secteur économique, essentiel pour la cité phocéenne, implique de nombreux enjeux.

“J’ai une fuite de la valve mitrale qui affaiblit mon système cardiaque. J’en suis certaine, ça vient de la pollution.” Michèle Rauzier, retraitée, vit à Marseille dans le quartier de Mourepiane qui se situe à côté de la zone portuaire. Fervente militante au sein de Cap au Nord depuis plus de 20 ans, elle en est convaincue: sa santé et son quotidien se sont détériorés au fil de la montée en puissance des grands bateaux de croisière.

Pour refroidir la controverse et exposer l’ensemble des points de vue, l’équipe du Chicane vous propose 3 éléments de repères : un « arbre des débats » qui visualise et restitue la complexité des enjeux soulevés, la cartographie des acteurs et la chronologie de la controverse

Durement touchées par l’épidémie de COVID-19, les activités de croisières reprennent désormais de plus belle à Marseille. Les pouvoirs publics, à différents échelons, les acteurs économiques et les associations en tout genre débattent de l’avenir du secteur.