Tel le Lapin Blanc d’Alice au pays des merveilles, nous sommes aujourd’hui dans une perpétuelle course contre la montre. Mais, cela n’est pas nouveau : avec les inventions technologiques et les révolutions industrielles, l’homme a découvert qu’il pouvait aller au delà de ses capacités, toujours plus loin et toujours plus rapidement. Le train en a été le premier exemple, il l’est encore aujourd’hui. Le temps perdu dans les transports est alors devenu une statistique prédominante pour les entreprises. La concurrence mondiale oblige les salariés français à toujours plus de productivité et de rentabilité. Le temps leur est compté, chaque minute perdue dans les transports représente un profit en moins pour l’entreprise. En France, un vaste projet d’amélioration du système de transport ferroviaire a été lancé par le gouvernement à travers la création d’au moins sept nouvelles lignes grande vitesse, dont une en Provence. Certains voient cela comme une valeur de la modernité, permettant de travailler plus et de se déplacer plus rapidement. D’autres y voient une négation de notre art de vivre et de notre cohésion sociale.

Pour reprendre les mots du géographe Vincent Kaufmann, cette transformation souligne que « toute mobilité implique aussi un changement social ». Aussi, le projet de la LGV PACA, en chantier depuis les années 1990, plusieurs fois mis en débat public, soulève des questions complexes, encore aujourd’hui loin d’être tranchées : l’utilité des grands projets, l’intérêt de la concertation, le coût de la grande vitesse et, tout simplement, l’avenir des mobilités.

Les lignes TGV font débat, en PACA comme dans toute la France : les parcs nationaux risqueraient d’être endommagés et, concernant les nouvelles lignes en région bordelaise, l’appellation d’origine controlée du célèbre Sauternes est menacée. Pour nous, étudiants, l’apport pratique de ces nouvelles lignes n’est pas à remettre en question. Mais il ne peut aller à l’encontre des efforts de promotion du patrimoine, une richesse française qui contente les patriotes et ravive le tourisme

Comme le disait si bien Jean d’Ormesson, « En cent ans, nous avons connu plus de changements qu’en 10 000 ans. Quelle accélération ! Tout va si vite : le présent n’est qu’un morceau d’avenir qui se mue aussitôt en passé. »

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Marine Jourdan