La France devrait sans doute accueillir de nouveaux Jeux –d’hiver– en 2030. Ce feuilleton a commencé à la fin octobre 2021, lorsque Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes a annoncé son intention de présenter la candidature de sa seule région pour accueillir ces JO. Deux jours après cette annonce impromptue, le groupe écologiste de sa région, dans l’opposition, dénonçait un projet coûteux, « décidé en petit comité par quelques pontes de la droite locale », à l’impact écologique incertain.
Axel Marin, le co-président du groupe, y voyait un coup de projecteur offert par Wauquiez à Michel Barnier, candidat savoyard malheureux à l’investiture des Républicains pour la présidentielle de 2022, un peu plus d’un mois avant le Congrès du parti.
L’aventure Barnier avait trouvé son terme dès le 1er décembre lors du premier tour du scrutin interne, arrivant en troisième position derrière Éric Ciotti et Valérie Pécresse, dont l’ambition présidentielle a eu la suite qu’on lui connaît aujourd’hui.
Division à travers les Alpes et… la droite
L’année suivante, l’aventure olympique, elle, trouva un nouveau rebondissement, une fois de plus à droite, lorsque le 22 janvier 2022 Renaud Muselier, à la tête de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, annonça son intention, lui aussi, d’accueillir une olympiade sur ses terres. Celui qui avait été réélu à la présidence de la région sous l’étiquette LR un an plus tôt, avait alors quitté son parti en novembre pour rejoindre le camp présidentiel Renaissance.
L’élu marseillais bénéficiait du soutien d’un autre poids lourd de la droite l’ayant suivi dans son départ de LR : Christian Estrosi, à la tête de Nice, qui, de son côté, avait rejoint Horizons en tant que vice-président. La cité azuréenne avait déjà affiché son ambition olympique pour les Jeux d’hiver de 2018, sans succès. En dépit de ce premier échec, la capitale maralpine mettait en avant ses atouts : sa forte capacité d’accueil, sa proximité avec les stations du Mercantour et son grand aéroport, le troisième du pays.
On aurait pu imaginer que le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) tranche entre les deux candidatures, mais il n’en fut rien. Faute de désistement, les deux régions ont fini par annoncer leur volonté de proposer une candidature commune le 18 juillet 2023. Cette candidature a finalement été retenue par le Comité international olympique, qui a annoncé le 29 novembre 2023 retenir la seule candidature des Alpes françaises pour la phase de dialogue ciblé.
Dans les Alpes-Maritimes, le tout schuss des alliances de circonstances
Hasard du calendrier, le Conseil Métropolitain de Nice se réunissait le lendemain de l’annonce du CIO. Devant une assemblée qui lui est largement acquise, Christian Estrosi se félicitait de l’aubaine représentée par les Jeux pour sa ville. Durant la séance, seule la voix de Juliette Chesnel-Le Roux, à la tête du groupe d’opposition écologiste, s’élevait pour signifier ses inquiétudes. Même Jean-Marc Governatori, pourtant ex-tête de liste écologiste pour les municipales de 2020 et qui entendait alors « mettre Estrosi à la retraite », s’est joint à l’enthousiasme des estrosistes pour féliciter Muselier d’avoir obtenu ces Jeux. Celui-là même qui se scandalisait de la volonté du maire de Nice d’artificialiser la plaine du Var, lui a ici exprimé son assentiment, à défaut de soutenir son ancienne colistière opposée au projet de construction d’une nouvelle patinoire, précisément dans cette même plaine.
Un grand absent de ce feuilleton est un autre élu niçois : Eric Ciotti. Celui qui préside depuis 2022 Les Républicains s’est bien abstenu de tout commentaire sur la candidature des Alpes françaises tout au long de l’avancée du dossier. S’il a bien fini par s’exprimer sur le sujet lorsque Nice-Matin l’interrogeait en novembre dernier, il n’a eu de mots qu’à l’égard de Laurent Wauquiez, gardant le silence sur ses anciens camarades de parti, Muselier et Estrosi. Il a toutefois affirmé qu’il serait prêt à s’impliquer dans le projet… Si on l’y invitait.
Raphael CASTEU